Destins de femme

Depuis le Moyen-âge, lʼorganisation dans les différents Arts est une affaire d'hommes. De ce fait, les femmes éprouvèrent la force de leur passion et de leur conviction afin de transcender les obstacles dus à leur sexe.

La Sculpture connut de grandes réticences à l'égard des femmes, la première difficulté étant la force physique que nécessite la taille de la pierre, le maniement de kilos de terre ou de plâtre… Très souvent stigmatisées, leurs œuvres étaient jugées essentiellement sur leur contenu émotionnel.
En 1905, 231 sculpteurs femmes furent recensées à Paris ; leur point commun étant de créer et d'exposer régulièrement. Parmi ces nombreuses artistes, une seule a pu trouver une place dans la grande galerie du Musée d'0rsay à Paris, avec son œuvre « L'Âge Mur » : il s'agit de CAMILLE CLAUDEL.

Il en est de même pour lʼÉcriture, longtemps considérée comme une technique particulière aux hommes. À partir du XVI^e siècle, des femmes de la noblesse, influentes et cultivées, organisent des salons littéraires, qui deviennent au cours des deux siècles suivants des hauts lieux de la vie culturelle. Leurs contributions au développement de la vie intellectuelle européenne est donc majeure. La Sorbonne étant interdite aux femmes, les écrivaines furent formées à la maison et empruntèrent parfois un pseudonyme masculin pour être publiées : Tel fut le cas dʼAURORE DUPIN, plus connue sous le nom de GEORGE SAND.

En Aéronautique, nombre de femmes ont pratiqué cette passion si proche de l'Art, la plus célèbre étant AMELIA EARHART. Première aviatrice à traverser seule l'Océan Atlantique en 1928 et dotée d'un courage fabuleux, elle traversa en 1935 le redoutable parcours entre les États-Unis et Hawai, malgré l'interdiction du gouvernement, en raison du danger. Si elle est portée en triomphe ce n'est pas parce qu’il s'agit d'une femme mais bien car elle est le premier pilote à avoir accompli cet exploit ! Elle a fondé en 1936 les « Ninety-Nines », organisation de femmes pilotes brevetées. L'océan devient pourtant son tombeau en 1937…

Dans le Cinéma, la période la plus faste du point de vue de l'image de la femme, se situe dans les années quarante. À cette époque, la guerre et la crise du capitalisme ont obligé les femmes à rechercher un mode de vie satisfaisant, indépendamment des hommes ou du moins sur un pied d'égalité avec eux. ELISABETH TAYLOR est une des dernières icônes d'Hollywood. « La chatte sur un toit brûlant » est un de ses films les plus marquant. LOUISE BROOKS est considérée comme l'une des premières actrices « naturelles » du cinéma, son jeu étant subtil et nuancé par rapport à de nombreux acteurs du cinéma muet. Sa coiffure si unique déclenche une nouvelle mode et elle est bientôt imitée par de nombreuses femmes dans le monde entier.

La Religion catholique insiste sur l'égale dignité des hommes et des femmes, mais également sur les spécificités de leurs rôles respectifs. À l'intérieur de l’Église, cette différence de « vocation » se marque par un certain effacement des femmes, puisque les fonctions d'enseignement, de sanctification et de gouvernement n'y sont exercées dans leur plénitude que par des hommes. Elles sont écartées de tout ministère ordonné (prêtrise et diaconat). Quelques congrégations de religieuses, très proches des populations, ont leur importance et notamment « Les Missionnaires de la Charité » fondées en 1950 par MERE TERESA.

La Résistance féminine n'échappe pas à ce phénomène. À l'époque de la seconde guerre mondiale, les femmes dépendent de leur mari juridiquement et n'ont pas le droit de vote. La femme est confinée à la maison. Cependant, la résistance féminine est toute entière contenue entre deux pôles : tout d'abord, une résistance au quotidien constituée de faits essentiels mais souvent discrets ; puis une résistance axée sur la part réelle prise par les femmes dans le combat clandestin au sein de mouvements et de réseaux. Rares sont les femmes qui ont réussi à accéder à un poste de commandement et de décision tel que LUCIE AUBRAC…

Dans le domaine de la Peinture, FRIDA KALHO, qui s'intéresse à l'émancipation des femmes dans la société mexicaine, décide dès son plus jeune âge de ne pas suivre le même parcours que la plupart des femmes de son pays. Elle veut découvrir le monde et ses diverses cultures, elle souhaite étudier. Elle veut la liberté et le plaisir. Dans les années 1930, après l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne, elle écrit son nom Frieda du mot allemand Frieden, qui signifie la Paix. Son œuvre, considérable et marquée d'un tempérament de feu, est qualifiée par André Breton comme « un ruban autour d'une bombe ».

LʼEnseignement Musical n'échappe pas à ce fonctionnement. La musique ne sollicite pas la présence féminine et les exclue longtemps du chant religieux notamment. Elles nʼy furent admises quʼavec réticence, longtemps supplantées par les castrats. En matière de Composition, lʼapprentissage de lʼharmonie et du contrepoint fut longtemps inaccessible aux femmes et si elles composaient, leur création ne devait rester quʼun loisir. Il a fallu attendre le dernier quart du 19^ème siècle pour que les Académies Supérieures ouvrent leur porte aux femmes…

Sur les musiques des talentueuses compositrices BARBARA STROZZI, CLARA SCHUMANN, RITA STROHL, MARGUERITE CANAL, MELANIE BONIS, LILI BOULANGER, LOUISE FARRENC et CONSUELO VELASQUEZ TORRES, un hommage est rendu à ces femmes hors du commun en offrant une vision de leurs destins croisés dans tous les Arts…